lundi 30 avril 2018

La vacance de l'assuétude…


L'anachorète de la toile



Voici que se profile dans l'irréversible immédiat, une terrible épreuve qui me glace d'effroi. Face à moi s'ouvre un gouffre insondable. Je m'apprête à plonger dans le vide, dans cet inconnu sans fond que constitue une retraite, un exil loin de la ville. Seul, face à moi-même, je suis contraint de vous priver sans ménagement de cette compagnie qui vous est devenue certainement indispensable.

L'impensable n'est jamais certain. Pourtant, au bout d'un chemin toujours incertain (que saint Christophe ait la bonté de veiller sur ma personne ), la civilisation communicante, pour moi, l'espace d'une semaine, va redevenir poussière. Tous les liens établis patiemment depuis plus de six années, toutes les connexions qui ont illuminé mon passage dans ce monde merveilleux et, n'ayant pas peur de l'écrire, miraculeux, vont soudain, du jour au lendemain, s'éteindre soudainement.

Allant au bord de l'océan dans une maison de vacances qui a échappé à la modernité vitale, je suis contraint de renoncer aux bontés de ce monde. Au cœur de la tradition française du surf, au bord de ces plages tumultueuses, de ces rouleaux propices, je serai totalement et désespérément privé de mon évasion quotidienne et nul rets ne me prendra au piège ! Je renonce à Satan et à ses œuvres, pour souffler et pour vous mettre en paix avec moi-même !

J'aborde cette terrible amputation avec une angoisse sourde et le sens du sacrifice propre aux gens de mon ordre. Comment vivre sans mes nobles lecteurs, mes admirables lectrices ? Comment supporter la disparition de mes compagnons du réseau social à face de bouc ? Comment vous priver du meilleur de moi-même : mes billets assassins ou mes chroniques doucereuses ?

Entre mimosas et arbousiers, mon monde fantasmagorique va tirer son indifférence. C'est avec une anxiété non feinte que j'aborde cette immersion volontaire dans le monde du silence. C'est Nabum va disparaître des écrans radar, des moteurs de recherche et des palmarès de l'éphémère. Vous l'oublierez bien plus vite que vous n'avez fini par accepter son verbiage amphigourique.

Un pauvre anachorète a fait vœu d'abstinence numérique pour renoncer à sa logorrhée paradigmatique. Il prendra l'habit de bure pour affronter les frimas des Landes et l'absence revendiquée de connexion Internet. Le sacrifice paraît considérable pour le pèlerin du calepin, le pitre du clavier, le lascar des fadaises, mais il est nécessaire pour se défaire de cette assuétude décadente tout autant que dévorante.

Aucun portable, aucun réseau, aucune connexion n'accompagneront celui qui s'octroiera une semaine durant, un silence coupable. Grand soulagement dans les chaumières postières : le dictionnaire va retrouver sa quiétude, les maux de tête seront vite oubliés. L'équilibriste du vocabulaire va jouer les filles de l'air ; bon vent et grand soulagement !

Un ermite a pris sa place. Entre confit et foie gras, entre Madiran et Tursan, entre océan et Landes, la pénitence sera rude, la discipline rigoureuse. J'accepte volontiers ce sacrifice nécessaire : vin midi et soir, gastronomie et balades interminables sur des plages désertes. La rédemption doit être à la hauteur des fautes, le pardon éternel est à ce prix. J'ai tant péché qu'il me faut expier ! L'écran noir sera ma punition, ledit vin à portée de verre à pied !

Un nouvel internaute sortira peut-être de ce voyage silencieux. Je me dépouille de mes phrases alambiquées, je me dévêts de mes chers mots obsolètes, je me dénude de mes idiomes incertains qui me donnent l'air patelin, je me prive de la polémique sombre, je m'abstiens de ces fables insensées. Je vais à la recherche du dépouillement, du dénuement absolu. Vade rétro internet !

Sous le sable, je dépose en offrande à la marée salvatrice mes pavés indigestes … Les querelles, les tracas, les incompréhensions seront, je l'espère, balayés par le vent de l'indifférence. Le Bonimenteur vous excède ; il se dissout dans l'eau de là. Le creux de la vague m'est promis comme une purgation tout autant qu'un purgatoire.

Tous ces propos absurdes n'ont d'autre raison (moi qui depuis longtemps en suis privé) que de vous signifier la vacance de ce lien mystérieux pour une semaine qui ne manquera pas de vous paraître longue et triste, à moins, hélas, qu'elle ne vous immunise à l'avenir de ma fréquentation textuelle. Ce repos vous fera le plus grand bien et limitera votre consommation d'aspirine, vos remarques offusquées, vos agaceries journalières..

Bonnes vacances à tous, je fais don de ma personne au silence de la toile…

Immodestement vôtre

dimanche 29 avril 2018

Le Girouet ; le blason des gueux.


Seigneurs sur l'eau



Il était un temps où nos mariniers avaient si mauvaise réputation qu'ils cherchèrent à redorer leur blason. La chose n'est pas simple quand on prétendait un peu partout dans le pays que ces grands gaillards n'étaient que des gueux dès qu'ils mettaient le pied à terre. Il faut admettre que la remarque était assez juste tant ils aimaient les excès de toutes sortes.

Mais nul ne pouvait leur retirer leur esprit chevaleresque quand ils étaient sur la rivière. Et tous se plaisaient alors à dire qu'ils étaient seigneurs sur l'eau. C'est ainsi que l'idée trotta dans bien des têtes pour que ce titre de noblesse soit illustré de la plus belle des manières. C'est avec leur si modeste personne que nos bonshommes cherchèrent à marquer leurs quartiers de noblesse ligérienne.

Il fut une époque où chacun fit sur les bateaux de bois assaut d'élégance et d'originalité en portant le grand chapeau de feutre. Les uns les faisaient monter vers le ciel, d'autres les paraient de plumes ou de galons, de fleurs ou de cocardes. Certains les faisaient tricornes quand d'autres les effilaient à n'en plus finir. Il y avait bien de la fantaisie dans cette mode du couvre-chef et beaucoup de tracas quand le vent venait à souffler.

Ce fut alors une période où il y eu tant de chapeaux dérivant sur la Loire qu'il fallut mettre un terme à cette folie absurde. Les pêcheurs en vinrent à manger leur chapeau, ce qui, avouons-le est des plus indigeste.

Nos grandes goules se tournèrent alors vers leurs cordages pour se différencier des cul-terreux restés à terre. Les étendards vinrent décorer chaque embarcation. Les plus belles étoffes volaient au vent, il y avait là toutes les merveilles de la confection. Chacun y allait de ses couleurs et de toutes les longueurs. Bientôt les embarcations devinrent des étalages de rubans. Et quand venait le passage des ponts, qu'il fallait affaler le mât, il y avait grand embrouillamini entre cordages et chiffons. Une fois encore, l'idée avait tourné court.

C'est un plus malin qui pensa mettre une girouette au bout du mat, un joli travail ouvragé en fer forgé qui non seulement était joli mais vous montrait le sens du vent. Tous les capitaines louèrent cette initiative et chacun s'empressa de commander au forgeron de chez lui belle sculpture pour montrer à tous sa magnificence. Il y eu sur la Loire des girouettes à vous faire perdre le nord jusqu'à ce qu'une fois encore, on découvre la faille.

La girouette pesait tous les diables et la folie de nos hommes en exagérait considérablement la taille. C'était à qui aurait la plus grande, la plus belle, la mieux ouvragée et bien des mâts souffrirent de ce surcroît de poids. Il était grand temps que nos mariniers revinssent à plus de raison. C'est un charpentier de marine qui souffla à l'oreille d'un capitaine déboussolé qu'il était possible de faire des deux modes précédentes une seule et belle idée.

Pour indiquer le sens du vent, un girouet de bois sculpté fera parfaitement l'usage tout en étant bien moins lourd. Il peut aussi se parer d'oriflammes pour retrouver le plaisir de la fanfreluche. Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Le premier girouet fut dressé sur le premier bateau et bientôt tous les autres voulurent avoir leur trésor.

Les capitaines se souvinrent alors de la science héraldique. Chaque girouet portait des symboles et des chimères, des signes distinctifs pour raconter une histoire, revendiquer une origine ou se démarquer de la masse commune. L'imagination ligérienne fit des merveilles et sur le mât, trônaient fièrement salamandres et épées, licornes et fleurs de lys, cœurs et dragons, poissons et figures géométriques.

A cette époque glorieuse de la marine de Loire, le girouet constituait à la fois un instrument de navigation et un élément d’identification décoratif. Le batelier, tributaire du vent, était fier de sa girouette de bois, fixée au sommet du mât de son bateau. Peinte, taillée au couteau dans une planche de bois à la veillée, elle était soulignée d’une longue bannière de couleur vive propre à chaque maître d’équipage.

Depuis, chaque bateau porte fièrement ce signe distinctif qui est devenu le symbole de notre Loire et de sa marine. Aujourd'hui, toutes nos communes au sein de la zone délimitée par l'Unesco au titre du patrimoine mondial de l'humanité ont adopté ce magnifique symbole. Venez voir nos girouets et écoutez nos histoires de Loire.

Nous sommes restés gueux sur terre mais sommes désormais vrais seigneurs sur l'eau. Nos armoiries sont sur nos bateaux. Si la Loire est la vallée des rois, chaque marinier est roi en son royaume, son magnifique bateau de bois, orné d'un girouet ouvragé qui flotte fièrement au vent.

Héraldiquement vôtre.


samedi 28 avril 2018

Le silure a la vie dure


Le silure a la vie dure




Le silure a la vie dure
La bête a vilaine allure
Tout autant que fort en gueule
Celui là se fait si veule
Que bientôt vous le verrez
A la couronne aspirer
Roi des poissons en eau douce
Prince à la triste frimousse

*

Il pourrait faire carrière
Trafiquant sous sa bannière
Prendre les voix des petits
Qui le mettent en appétit
Bel animal politique
Comme tous ceux de sa clique
Les prédateurs insatiables
Les charognards imbuvables

*

Car il nage entre deux eaux
Pour dévorer, le salaud
Le modeste freluquet
Qui ne faisait que passer
Il est le forban des lieux
L'affreux, le méchant, l'odieux
Qui impose sa terreur
Dans la rivière et les cœurs

*

Comment se débarrasser
Du monstre calamité
Il dispose de complices
Refusant son sacrifice
Tous ces pêcheurs niaiseux
Qui ont fait un jour le vœu
De le remettre en rivière
S'il vient mordre à leur cuillère


vendredi 27 avril 2018

Un gars d’la rivière


Un gars d’la rivière



J’suis un gars de la rivière
Pas un marin mais un nomade
J’arpente ses berges altières
D’un mot naîtra une ballade
En suivant le vol des oiseaux
Je me laisse porter par le vent
Sans avoir besoin d’un bateau
Pour toujours aller de l’avant

Je suis un gars de la rivière
Voguant toujours le nez en l’air
Bien loin de cette maudite terre
Qui me laisse un goût amère

On me prétend bonimenteur
Comme le disent tous les moqueurs
Ceux qui n’aimeront jamais la douceur
D’un beau matin aux premières lueurs

J’arpente les levées et les rives
Le cœur souvent à la dérive
J’ai une passion maladive
Pour toutes les belles lascives

D’un mot naîtra une romance
La marque de ma douce démence
Je chante le pays de mon enfance
Que la Loire m’a offert en créance

C’est en suivant le vol des oiseaux
Que je découvre un beau château
Petite escale pour mes mots
Curieuse visite pour les badauds

Je me laisse porter par le vent
Si souvent à contre-courant
Les ligériens sont des manants
Qui dénigrent tous les puissants

J’suis un gars de la rivière
Pas un marin mais un nomade
J’arpente ses berges altières
D’un mot naîtra une ballade
En suivant le vol des oiseaux
Je me laisse porter par le vent
Sans avoir besoin d’un bateau
Pour toujours aller de l’avant




jeudi 26 avril 2018

Les fruits de l’imaginaire


L’arbre à contes


Il était une fois, quelque part on ne sait plus où, un arbre majestueux qui imposait sa masse au milieu d’une plaine. Il était puissant et massif même s’il était totalement décharné. De mémoire d’humain, nulle feuille n’y avait jamais poussé. On l’aurait cru mort et pourtant il semblait vigoureux et inaltérable, indestructible malgré les années. Quelle était donc cette force mystérieuse qui le tenait en vie de façon toute improbable ?

L’arbre inquiétait, non seulement il résistait en dépit de son apparence sans vie mais pire que tout, les animaux le fuyaient. Jamais un oiseau ne s’y posait pas plus qu’un rongeur ou bien un insecte. Il repoussait les êtres vivants, tous l’évitaient, le pensant porteur d’une étrange malédiction. Même les enfants se refusaient à grimper à ses branches qui pourtant auraient constitué un formidable terrain d’aventure.

Les humains évitaient jusqu’à son ombre . La méfiance et l’incompréhension finissent toujours par engendrer la peur. On le prétendait envoûté et pire encore, on lui attribuait bien des vertus maléfiques. Toutes sortes de légendes se murmuraient à son propos, pourvu qu’elles fussent prononcées loin de lui tant il était craint.

L’arbre s’en moquait. Il résistait au temps tout autant qu’à la médisance et aux lois de la botanique. Il savait qu’un jour, il viendrait s’asseoir contre son tronc, qu’il défierait les superstitions et qu’alors, sa longue peine serait achevée. Qui donc l’arbre attendait-il ainsi ? Un palabreur, un raconteur d’histoires à moins que ce ne fut une diseuse de bonne aventure. Qu’importe, il pressentait la venue sur/sous ? sa ramure d’une femme ou bien d’un homme transformant alors radicalement sa destinée.

Il avait la patience de ceux qui ne redoutent rien pas même les bûcherons ou bien la foudre. Il se savait protégé par la peur qu’il inspirait, par sa réputation et par la destinée qui commande aux éléments. Et le jour qu’il espérait de toutes ses forces arriva. Ce fut un enfant qu’il vit arriver, un gamin malingre, ni garçon ni fille, un être incertain porteur de toutes les malformations que la nature s’amuse parfois à distribuer.

Il était albinos, boitait de son pied bot, avait une bosse et une moitié du crâne sans cheveux. Il avait les traits caractéristiques d’une aberration génétique, ce sourire perpétuel qui appartient seul aux âmes simples. Il était porteur des traces de coups que les gens ordinaires ne manquaient jamais de lui offrir pour prix de sa différence.

L’enfant de la misère était maigre, pâle, fatigué par une existence qui ne l’avait jamais laissé en paix. Orphelin, rejeté des autres, il allait son chemin, à la recherche lui aussi de celui qui le comprendrait, lui tendrait enfin une main secourable. Quand il vit au loin l’arbre dénudé, il eut un choc, une révélation, il sut que c’était là que s’achevait son voyage, son errance sans fin. En dépit de sa faiblesse, malgré la grande distance qui le séparait de lui, sous un soleil de plomb, dans cette plaine inhospitalière, il avança, obstinément vers celui qui l’attirait comme un aimant.

Bien des heures plus tard, la nuit se couchait alors, l’enfant s’assit sous l’arbre qui repoussait la vie. Soudain tout fut différent, l’enfant sentit ses forces revenir, il se régénérait au contact du grand végétal. L’arbre frémissait, il était parcouru de mouvements imperceptibles que l’enfant éprouvait au plus profond de son être.

Sept nuits et sept jours, il ne se passa rien que ces ondes vibratoires qui passaient de l’un à l’autre. L’enfant n’avait plus besoin ni de manger ni de boire. Il était nourri mystérieusement par l’arbre. De loin en loin, des curieux s’approchèrent, essayant de comprendre ce qui se passait ici. Par quel miracle, l’arbre maléfique pouvait ainsi donner la vie à cet enfant du malheur ? Personne n’en savait rien. Le nombre des curieux ne cessait de croître, à distance respectable cependant, la crainte étant toujours là.

Puis le huitième soir, la Lune se fit pleine dans le ciel étoilé. L’enfant qui jusque là était resté silencieux se mit à parler, à psalmodier plus exactement. Celui dont personne jusqu’à présent n’avait entendu le son de la voix se mit à raconter des histoires qui venaient d’ailleurs, belles et envoûtantes. Sa voix caverneuse accentuait encore l’impression de saisissement dont furent victimes les témoins de la scène.

Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises. La première histoire achevée, eux qui étaient encore sous le charme de cette aventure incroyable qui les avait tenus en haleine un temps indéfinissable tant toute contingence était abolie par la magie de l’enfant qui racontait, ils virent tous dans l’arbre apparaître une feuille sur laquelle semblaient être inscrits des signes mystérieux.

Cette nuit là, la première nuit de l’histoire des contes, l’arbre se para de douze feuilles, douze parchemins plus exactement couverts d’une écriture faite de triangles et de traits. Ceux qui s’approchèrent un peu plus jurèrent que ces feuilles étaient semblables à celles d’un papyrus. L’enfant jouait avec un roseau dans sa main, c’est lui qui dans la danse de ses mouvements transmettait les signes qui s’inscrivaient sur la nouvelle feuille de l’arbre.

La foule devint considérable. Les gens écoutaient, découvrant la saga de l’espèce humaine, comprenant les énigmes de la création, accédant à des sentiments qui jusqu’alors leur étaient inconnus. Beaucoup voyaient des larmes couler de leur paupière tandis qu’un sourire bienheureux se mêlait à cette douce tristesse. Ils ne voulaient pas bouger.

Cela dura longtemps, très longtemps. Sans interruption, jours et nuits jusqu’à ce que l’arbre fut couvert de feuilles. Tous les contes du monde étaient nés en cet endroit. La multitude présente avait compris que maintenant l’enfant se tairait. Les humains qui avaient assisté à ce spectacle unique comprirent quelle était leur mission. Ils se répandent de par la Terre ronde pour transmettre les récits qu’ils avaient retenus.

Mais juste avant qu’ils ne se dispersent tous, qu’ils s’en aillent vers leur nouvelle destinée, le ciel se couvrit de nuages et se chargea d’électricité. De la nuée on vit surgir une tornade qui avança jusqu’à l’arbre et l’enfant. Toutes les feuilles furent arrachées et répandues entre le Tibre et l’Euphrate. La civilisation allait naître de ces petits papyrus porteurs de la grande épopée de l’humanité.

Quand la tornade fut dissipée, il ne resta plus rien de l’enfant et de l’arbre. Ils avaient tous deux envolés, partis sans doute pour un autre monde. Ils n’ont pas disparu tout à fait puisqu’ils vivent à jamais au travers de la voix de ceux qui à leur tour se chargent de raconter ce que l’enfant différent avait créé il y a bien longtemps.

La parole avait pris son envol, l’écriture avait tenté de manière fugace de saisir l’essence du récit. Chaque fois qu’un humain s’empare d’une histoire de l’enfant, il lui donne une couleur et un ton différent. Chaque fois qu’un scripte déchiffre un parchemin, lui aussi l’interprète à sa manière, lui compose une nouvelle mélodie. Les contes sont nés ici mais jamais ô grand jamais ils ne se graveront dans le marbre. Ils vivent et se modifient toujours et sont à jamais portés par le vent et les souffleurs de rêve.

Épiquement vôtre.



mercredi 25 avril 2018

Poussières d'étoiles


Poussières d'étoiles


J'allais le long de ce chemin
À la poursuite du destin
C'est alors qu'elle m'est apparue
Moi qui ne l'espérais plus

Une étoile brula dans le ciel
Annonçant que c'était elle
Ma douce dame brume
Surgit d'un rayon de Lune

Elle m'invita à danser
Me voulant pour fiancé
D'où me venait cet honneur
Qui bouleversa mon cœur ?

Sans chercher à comprendre
Il me fallait la prendre
La serrer fort dans mes bras
Pour partager ce moment là

Tout au long de cette nuit
Nos âmes furent unies
Quand arriva ce matin
Qui me plongea en chagrin

La dame s’est évanouie
Alors qu'elle m'avait promis
De ce si tendre partage
Bien plus qu'un mariage

Mes larmes coulaient à flot
Quand au milieu du halo
De ses poussières d'étoiles
Elle me tendit une voile

Je quittais cette terre
Pour aller vers l'éther
Ce merveilleux domaine
De celle qui sera ma reine

Nous dansons main dans la main
Sans nous soucier de demain
Nous nous aimons dans le ciel
Loin de ce monde artificiel


La belle archère.


Le chevalet de Troie



Il était une fois un arbre mystérieux venu de la lointaine Grèce sans doute et planté quelque part en bord de Loire. C’étaient des voyageurs, marins du commerce de l’étain qui, venus de la Méditerranée avaient fait ce magnifique cadeau aux hommes qui les recevaient si bien à leur passage. C’était encore une époque où les différences ne devenaient pas source de méfiance et plus encore. L’arbre offert en guise de remerciement fut vénéré comme il se doit, il grandit, il prospéra au pied de la rivière.

Une vieille femme, Irène, un peu sorcière, guérisseuse et dotée de connaissances mystérieuses aimait à converser avec l’arbre. Chaque matin, elle venait tout près de lui, psalmodiait d’étranges chansons. On la laissait faire, on savait qu’elle puisait là son énergie et les secrets qui lui permettaient de guérir ses semblables. Cet arbre lointain avait la réputation de régénérer les êtres, son écorce ne se changeait-elle pas, elle aussi par grandes plaques ?

Les intrépides visiteurs revenaient parfois, offraient une amphore de vin et aimaient à venir discuter au pied de l’arbre. C’est ainsi que les gens du pays apprirent que l’arbre était un Platane, qu’il avait servi à la construction du cheval de Troie. Ils écoutaient subjugués cette formidable odyssée, cette histoire qu’ils suivaient ainsi de visite en visite des voyageurs du Levant.

Plus le temps passait plus l’arbre était honoré dans ce pays ligérien. Irène lui parlait, affirmait qu’il avait une âme, pleurait souvent en restant de longues minutes tout contre lui. Elle ne pouvait expliquer la chose, elle avait une intuition, elle sentait des vibrations magnifiques, elle était persuadée qu’un génie habitait dans les profondeurs de sa sève.

Tout sorcière qu’elle était, Irène était une bonne âme, un jour, elle recueillit Violine une jeune orpheline, une belle demoiselle que personne n’avait remarqué, tant la misère, la crasse, la faim et ses vieux oripeaux l’avaient dissimulée au regard des autres. Soignée, nourrie, réconfortée, habillée grâce aux bons soins d’Irène, la beauté de la jeune fille apparaissait à tous comme une évidence.

La Belle se souciait peu de la parade de tous les jeunes gens de l’endroit. Elle aussi vouait une passion au bel arbre, l’enlaçait comme une amante peut le faire de son amoureux. Les hommes en étaient jaloux puis petit à petit la prirent pour une folle et s’éloignèrent d’elle. Elle s’en moquait, elle passait des heures à chanter divinement bien au pied de son arbre. Tous les oiseaux du pays venaient de poser sur les branches du platane pour écouter la voie cristalline de la belle.

Un jour pourtant son monde bascula. Un vieux menuisier vint et observa attentivement le végétal. Il revint de nombreuses fois, toujours à tâter l’écorce, à frapper son tronc. L’homme avait une idée derrière la tête, cela ne faisait pas le moindre doute. La Belle s’en inquiéta, devinant que son ami l’arbre était en danger.

Violine promit de se donner au menuisier pour peu qu’il épargnât l’arbre. L’homme hésita longuement tant l’alternative qui se présentait à lui était de nature à troubler le séducteur qui sommeille en tout mâle. Il fit quelques approches, profita de la situation pour prendre quelques avances sur ce don qui se présentait à lui sans n’avoir encore fait la moindre promesse. Cependant les préliminaires donnèrent lieu à des manifestations étranges, l’arbre tremblait, les oiseaux criaient, les feuilles tombaient. Il y avait maléfice dans tout ça.

Le menuisier se retira, jurant de revenir abattre le platane lors de sa prochaine visite, laissant Violine effondrée et sans courage au pied de son arbre. Quelques jours plus tard, il revint, flanqué de bûcherons pour commettre l’irréparable. On n'abat pas un arbre, on l’assassine, Violine sentait confusément la chose. Elle tremblait de tout son être, incapable de supporter le crime qui allait être commis devant elle. Ses lamentations, ses cris, ses plaintes, rien n’y fit et le platane se retrouva au sol en un sinistre et lugubre grincement.

Irène avait assisté impuissante à ce drame qui se déroulait sous ses yeux. Il n’était pas en son pouvoir d’infléchir la volonté d’un homme. Elle ne put que jeter des potions sur l’arbre à terre, le plaçant ainsi sous la protection de puissances mystérieuses. Le menuisier se moquait bien de ce qu’il prenait pour simagrées et superstitions de vieille folle. Bien mal lui en prit car quand il voulut emporter le gisant, il fit venir des chevaux de trait. L’un deux se cabra, pris d’une frayeur irrépressible et tua l’homme sans coup férir.

Violine ne s’en consola pas pour autant. Son arbre était à terre, elle ne pouvait s’en remettre. Elle voulait tant qu’à faire que son sacrifice fut utile, qu’un objet naisse de son bois afin qu’elle en conserve éternellement un souvenir. C’est un luthier qui se présenta à elle, plus touché semble-t-il par la beauté de la demoiselle que par le sort du végétal. Il lui promit de débiter le platane, de le laisser sécher longtemps et d’en tirer un instrument de musique unique, rien que pour elle en gage de son amour.

Bien des années plus tard, le luthier se décida à créer ce qu’il avait promis à Violine. Il éprouvait ce désir fou de la conquérir et voyait dans ce projet la seule possibilité de parvenir à ses fins. Il fit tant et si bien que sous ses mains expertes, se façonna le plus bel instrument qu’on n'ait jamais vu. Influencé par l’anecdote du Cheval de Troie l’homme imagina que des crins de chevaux tendus sur un archet viendraient tendrement caresser les cordes de son instrument. C’était sans doute un message qu’il voulait envoyer à une Violine, toujours plus séduisante.

Il se mit à l’œuvre, multipliant les prodiges, réalisant sous les yeux ébahis de la demoiselle, le plus délicat, le plus fragile, le plus élégant des instruments à corde. Quand il eut achevé son chef d’œuvre, il le tendit à la belle en lui disant : « Tenez, ceci est mon cadeau, je vous l’offre pour que vous acceptiez de devenir mon épouse ! » Irène assistait à la scène, le sourire aux lèvres, elle avait bon espoir que Violine accepte afin de partir enfin tranquille pour l’autre monde.

Violine, surprise tout autant qu’intriguée, demanda à prendre l’instrument inconnu. Elle attrapa l’archet et se mit en quête d’en comprendre le fonctionnement. Personne ne sut comment elle fit, mais il était évident qu’elle était portée par la grâce, par un souffle mystérieux lui permettant de maîtriser l’instrument et d’en faire naître la plus douce des mélodies.

C’était si beau que le luthier tomba à genoux à ses pieds, qu’Irène était en larmes, que les oiseaux de tout le voisinage vinrent s’assembler autour d’eux pour écouter la musique céleste. Violine elle-même semblait totalement dépassée par ce qu’elle produisait. Chose plus étonnante encore, plus elle jouait, plus c’était beau, et plus au bord de la Loire, des arbres semblables à celui dont avait été tiré le bel instrument sortaient de terre.

Un alignement de platanes était né au son du premier violon jamais conçu au monde. Le vent s’engouffra dans leurs branches, les oiseaux s’installèrent sur leurs cimes pour accompagner la douce musique qui naissait sous l’archer de Violine. La nature semblait se mettre au diapason. Tout en jouant, Violine se mit à chanter, comme elle le faisait autrefois au pied de son cher arbre. Elle déclara son amour au luthier qui avait su redonner vie à son cher platane de la plus belle des manières.

Ils se marièrent, firent de nombreux autres violons tandis que toujours, en cette bonne ville, on prit grand soin des platanes. L’histoire s’est perdue dans la nuit des temps, elle revient soudainement à la surface car un homme veut abattre les platanes. Qu’il se méfie, d’autres prodiges peuvent advenir, les sorciers ont plus d’une corde à leur archet, Irène est toujours présente dans l’âme des arbres de la ville.

Musicalement sien.



lundi 23 avril 2018

La mélodie des quais de Gien

Un orchestre à mille cordes




Il était une fois un alignement de beaux et vénérables arbres qui servait de lisère à la plus belle des rivières. Ils avaient grandi aux chants mélodieux de la Loire, enregistrant au plus profond de leur écorce, les murmures des flots, les chants des oiseaux s’étaient gravés dans leur écorce et le bruissement du vent avait enchanté leurs feuilles. Ils s’étaient nourris des couleurs de la dame, se plaisant à en graver chaque année un cerne supplémentaire pour honorer le temps qui passe d’un délicat soupir.

Ils supportèrent les colères d’Éole, les caprices des hommes qui sont plus redoutables encore, les furies de la rivière qui coulait à leurs pieds. Ils avaient supporté les agressions venues du ciel, les bombardements qui rasèrent une partie de la cité. Ils avaient tenu tête, forts de leur courage et de leur volonté de ne jamais rien céder aux folies des uns et des autres. Ils ignoraient que le pire n’était pas encore advenu.

Ils étaient là depuis si longtemps qu’ils se pensaient désormais indestructibles en dépit de quelques maux sournois venant ronger certains spécimens. Ils avaient encore fière allure et n’imaginaient pas un seul instant que le coup de grâce leur viendrait d’un presque homonyme, un homme portant un patronyme arboricole dont jadis on faisait des balais. On est toujours trahi par les siens, c’est ce que devaient se murmurer les platanes de Gien attendant fébriles les morsures de la tronçonneuse.

Pourtant, en dépit de la férocité de l’échevin, les vieux arbres s’étaient mis à rêver. Une douce mélodie parcourait la cité, une rumeur comme seule la Loire sait les faire naître. Il y avait cette fois de quoi se réjouir et accepter sans broncher l’issue fatale. Il ne pouvait être plus beau sacrifice pour un platane que celui qui semblait leur être promis. Ils en avaient la sève à l’œil, sachant de cette manière très forestière, entrer dans la postérité.

Ils avaient écouté tant de légendes qu’ils se persuadèrent bien vite qu’il n’était pas, pour eux plus belle destinée que celle dont l’échevin au cœur de musicien, avait décidé de les gratifier. Homme de culture et amoureux du beau, l’homme dans un sursaut de lucidité, avait en effet décrété que le sacrifice des platanes ne serait pas vain. On se réjouissait dans la belle ville, tout espoir n’était donc pas perdu de sauver la face aux yeux du monde.

Il se murmurait de bouche à oreille, que chaque platane abattu serait confié aux meilleurs luthiers de la nation à charge pour eux de rivaliser en dextérité pour fabriquer le plus beau des violons. Les oiseaux qui depuis des lustres chantaient sur les branches de ces vénérables platanes, verraient leurs tendres perchoirs répercuter à leur tour les joyeux trilles dont ils les avaient nourris.

Nous étions fous de joie à cette merveilleuse nouvelle, acceptant désormais ce sacrifice qui prenait des allures de triomphe. Un orchestre aux mille cordes allait réjouir les cœurs de ceux qui ne pleureraient plus longtemps ces vieux arbres qui les avaient vus grandir. Quel bonheur, quelle belle idée !

On rêvait déjà de voir la création d’un corps de ballet à l’initiative de ce maire, acquis plus que tous les autres à la culture sous toutes ses formes. On en frémissait d’impatience dans la cité d’Anne de Beaujeu. Les parrains de ces arbres, venaient en délégation chanter, les louanges de cette archet du tendre qui avait songé à ce merveilleux retournement de situation. Qu’importe désormais l’abattage des platanes, leur remplacement par une essence exotique, le plus beau était à venir, il n’y avait qu’à s’en réjouir !

Hélas, tout ceci n’était que poudre aux yeux, invention dérisoire d’un faiseur d’histoires. Le maire droit dans ses bottes de bûcheron impitoyable, ignorait tout des légendes, se faisant fort d’être un homme pragmatique comme aiment à dire ceux qui n’ont aucune sensibilité ni même un peu de culture. Ce n’était qu’un songe, un pauvre répit illusoire avant que de ne vivre ce terrible cauchemar en bord de Loire.

Nous n’accorderons pas nos violons, nous resterons à jamais l’arme au poing, prêts à décocher nos traits, nous les archers de la révolte ligérienne. Monsieur le maire pourrait sauver la face en nous jouant une petite fugue, prenant la clef des chants pour préserver nos platanes. Nous lui en serions alors éternellement reconnaissants, chantant ses louanges pour le reste des temps.

Harmonieusement sien.


dimanche 22 avril 2018

Un petit pas de travers.


L’écrevisse voyageuse.



Un écrevisse de Loire se la coulait douce, allant son train, tranquillement au fond de l’onde, cheminant de quelques pas de côté d’un caillou à l’autre. Elle découvrit un ticket de cinéma qui l'incita à sortir de sa bulle. La dame s’en alla de par le vaste monde, affrontant les animaux qui vont debout sur leurs pattes arrières.

Elle vit une enseigne lumineuse, une file d’attente s’étirait mollement le long de la rue, serpentant au gré des fantaisies, des discussions et des affinités. Elle suivit le mouvement, reprenant son souffle dans cette marée humaine. Elle en avait oublié qu'elle était le seul crustacé d’eau douce, nous ne pouvons lui en faire grief.

Elle se trouva bientôt dans une salle obscure, plongée dans une douce lumière bleutée qui aurait pu la rassurer si une dame, portant panier d’osier devant elle, ne lui avait glacé le sang en lui proposant un esquimau. Où donc avait-elle mis les pinces ? Elle n’eut guère le temps de se faire du mouron, la dame n’en vendait pas.

Remise de ses émotions, elle se lova confortablement dans un siège moelleux. Que c’était différent de la Loire ! Elle se disait qu’elle avait été bien sotte de rester ainsi au fond de l’eau, sans jamais mettre le nez dehors. Il faut parfois de curieuses circonstances pour que bascule une existence, surtout pour une écrevisse qui, bien souvent se laisse ainsi prendre.

Le film débuta, elle n’avait pas lu le programme ; l’enseignement de l’écriture faisant cruellement défaut parmi les hôtes de l’eau. Les écrevisses avaient certainement des prédispositions pour le braille mais nul n’avait songé qu’avec leurs pattes blanches, elles pouvaient aisément déchiffrer les yeux fermés.

Ce fut un choc, une révélation puisque le crabe tambour lui donna des envies d’ailleurs. Un congénère en somme, capable de voir du pays. Elle eut soudain envie qu’on la mène en bateau. Elle en pinçait pour la Louisiane, le pays des crevettes ses petites cousines. Le cœur battant, elle se mit en quête d’un cargo, du côté de Saint Saint-Nazaire, susceptible de la recevoir comme passagère clandestine. Elle n’avait aucune chance d’obtenir un visa pour les USA, seule la transgression des règles lui permettrait de réaliser son rêve.

Se rendre à Saint Saint-Nazaire constitua pour elle la plus délicate des étapes. Depuis belle lurette déjà, la disparition de la marine de Loire lui avait retiré la possibilité de se laisser porter sur une coque de bois. Fort heureusement, il y a sur la rivière de nombreux aventuriers qui se lancent dans la grande avalaison, c’est un couple de canoéistes qui lui permit d’aller jusqu’à l’estuaire.

De là, c’est un porte-conteneurs qui lui ouvrit les bras. Elle trouva cachette confortable et discrète afin de se rendre à Baton Rouge. Elle aurait dû choisir la Nouvelle Orléans, l’histoire en aurait été tout autre, mais la destinée est une vaste loterie dont personne ne mesure jamais les conséquences.

Quand elle débarqua, elle retrouva avec délice les eaux douces du Mississippi. C’est là que tout bascula pour elle, elle tomba sous le charme d’une écrevisse mâle, aux pattes rouges, un peu plus grosse qu’elle mais de fort belle allure. Elle fut séduite par son exotisme, sa prestance et son drôle d’accent cajun. Ils se plurent, ils s’aimèrent, ils se promirent fidélité et vie commune.

Les années passèrent, l’écrevisse eut au bout de quelque temps le mal du pays. Sa Loire lui manquait, la douceur de ses rives, la quiétude de son courant, la beauté de ses châteaux. L’écrevisse voulut rentrer mais ne pouvait le concevoir sans son compagnon. Parlant français, ce qui est, il faut bien l’admettre de plus en plus rare en Louisiane, le garçon accepta de faire ses valises. Il fallut refaire le chemin à l’envers, trouver de nouveaux complices et payer des passeurs pour pénétrer sur le territoire français. Les temps avaient changé, l’état d’urgence avait renforcé les contrôles à la frontière.

Nous tairons les moyens employés par nos deux tourtereaux qui en pinçaient l’un pour l’autre. Le temps n’est pas à divulguer de tels secrets. Ce qu’il convient de vous dire c’est que Saint Saint-Nazaire leur ouvrit les bras et qu’un bateau de tourisme étrange, se prenant pour un bateau du Mississippi à l’aube, fit tourner ses roues pour les conduire jusqu’à Chalonnes, avant d’être engravé sur un banc de sable.

Là, l’écrevisse française eut vent d’un convoyage d’un bateau pour le festival de Loire. Elle invita son mari à la suivre sur Rêve de gosse qui allait être gruté pour Orléans au bon soin des experts d’EVT. Ils vécurent ainsi des instants extraordinaires, un baptême de l’air avant que de subir les cahots, les nids de poule et les dos d’âne des routes françaises de plus en plus vétustes.

Puis, une nouvelle grue les déposa en douceur sur l’eau et après bien des émotions, les deux écrevisses plongèrent dans la Loire. Voilà vous savez tout de ce moment essentiel dans l’histoire de notre rivière. C’est de ce jour que les écrevisses de Louisiane colonisèrent le pays et mirent à mal nos pauvres spécimens autochtones. Tout cela par la faute d’une demoiselle aventureuse qui voulait voir du pays et trouver un mâle à son goût.

Tout cela par la faute d’un ticket de cinéma jeté sans doute par un malotru, un de ceux qui prennent nos rivières pour des dépotoirs, leur lançant mégots, papiers, emballages alimentaires, canettes et autres bouteilles quand ce n’est pas un réfrigérateur ou bien un pneumatique. Pour éviter pareille mésaventure, venez participer avec nous à la prochaine opération « Je nettoie ma Loire ».

Les espèces invasives n’arrivent jamais de manière spontanée. Il y a toujours quelqu’un pour se mêler de jouer les apprentis sorciers. Il serait grand temps que les humains cessent de jouer aux dés avec la nature et les écrevisses ne feront plus de cinéma.

Délirement vôtre.


Extension de ma zone d’interrogation ...

La plage en question




Peut-on trouver une plage de tout repos ?
Les enfants qui font des pâtés de sable finiront-ils par avoir trop de cholestérol ?
Pourquoi le sable feint ?
Un grain de sable peut-il gâcher vos vacances ?
Peut-on être dans de beaux draps de bain ?

Pourquoi les seaux ne font-ils pas les créneaux ?
À quoi peut bien servir le râteau sur une plage ?
La nouvelle vague remplacera-t-elle la précédente ?
Existe-t-il des crèmes à bronzer allégées ?
Peut-on jeter les enfants turbulents avec l'eau du bain ?

Le paravent est-il plus utile que le parasol ?
Faut-il nécessairement construire des châteaux de sable en Espagne ?
La dune est-elle une plage qui fait le gros dos ?
Pourquoi les parents laissent-ils ainsi leurs enfants bâtir sur du sable ?
Faire son trou est-il une nécessité sur une plage ?

La plage de galets finira-t-elle par s'éroder ?
Le plagiaire désigne-t-il celui qui délite son coin de plage ?
Le torchon brûle-t-il quand on vous prend votre serviette ?
Un bon bronzage suppose-t-il un étalement des vacances ?
Quand on pique-nique sur la plage, le sable sert-il de condiment ?

Depuis que les gens plantent leurs parasols, espèrent-ils enfin récolter le fruit de leurs efforts ?
Les grosses huiles bronzent-elles plus facilement ?
Peut-on prendre un coup de soleil derrière la tête ?
Doit-on nécessairement lire un gros pavé sur le sable ?
Curieusement, n'est-ce pas sur le sable que le temps s'écoule le plus lentement ?

Les marchands de sable sont-ils responsables de tous ces gens qui dorment sur la plage ?
La plage permet-elle le nivellement social ?
Le bronzage est-il un signe extérieur de vacances ?
Pourquoi les tarifs des vacances à la mer sont-ils de plus en plus salés ?
Le dénuement suppose-t-il le naturisme ?

Pourquoi la pluie vide-t-elle la plage ?
Que font des arbitres de tennis au bord de l'eau ?
Est-ce par timidité que la mer finit par se retirer ?
Les inconscients finiront-ils par se démonter avant la mer ?
Quand changera-t-on l'eau du bain ?

Les secouristes entrent-ils en concurrence avec les vendeurs à la sauvette ?
Quand le drapeau passe au rouge, des radars flashent-ils les baigneurs récalcitrants ?
Pourquoi faut-il surveiller une plage ?
Peut-on essuyer un grain sur une plage ?
Le sable peut-il être considéré comme un marque plage pour les lecteurs ?

À la fin des vacances, est-il vraiment difficile de tourner la plage ?
Faut-il être au creux de la vague pour venir s'allonger sur le sable ?
Est-ce par crainte des sables mouvants que tant de gens restent inertes sur la plage ?
Les vendeurs de beignets trouvent-ils assez de benêts ?
Quelle question vous offrir en bas de plage ?

Estivalement vôtre.

samedi 21 avril 2018

La nouvelle Venelle à quatre sous


La Venelle à quatre sous



Elles sont des filles à marins
Elles sont des femmes au turbin
Même pas des filles de joie
Comme les aiment les bourgeois
Elles qui font le pied de grue
Afin d’ brader leur vertu
Que c’est triste d’être péronelle
Tout au bout de la venelle !

La venelle à 4 sous
Pour engraisser les marlous
Leur pauvre mont de Vénus
Offert aux premiers venus
C'est souvent des mariniers
Gars perdus loin du foyer
De grosses âmes en peine
Avec des envies sans je t'aime


Brefs ébats insipides
Dans une chambre livide
Il y a si peu de câlins
Pour cette pauvre catin
Pour des amours tarifés
Sur des corps fatigués
Des plaisirs vite expédiés
Par des hommes trop pressés



C'est pas même le bordel
D'une dame maquerelle
Ce lupanar sans lumière
Pour ces marins en galère
C'est un lugubre bord'eau
Où s'arrêtent les bateaux
Une simple escale sordide
Pour tous ces cœurs bien vides



Quatre sous si dérisoires
Octroyés sur un trottoir
Le triste prix du chagrin
Entre marin et putain
Il ne faut pas être fier
De ces amours sans manière
Pour ces filles perdues ici
Sans même un petit merci


Elles sont des filles à marins
Elles sont des femmes au turbin
Même pas des filles de joie
Comme les aiment les bourgeois
Elles qui font le pied de grue
Afin d’ brader leur vertu
Que c’est triste d’être péronelle
Tout au bout de la venelle !



Des mots qui chantent

  Un livret qui chante … Si vous tendez l'oreille En parcourant ses pages Il n'aura pas son pareil Pour sortir ...