dimanche 10 décembre 2017

Pourquoi y a-t-il des étoiles dans le ciel ?



Une légende ligérienne pour un conte de l'Avent



Il est des mystères insondables qui engendrent les questions les plus compliquées qui soient quand un enfant vous les pose, les yeux pleins de l’espoir d’avoir une réponse. C’est durant une nuit douce et calme où je me promenais en bord de Loire avec Pitchoun, le pantin de Victor, que celui-ci me posa cette surprenante question. Je tombai de nues : j’ignorais jusque-là que les pantins peuvent, eux aussi, avoir des questions existentielles.

Il importe dans pareil cas de ne jamais être pris au dépourvu, d’avoir l’esprit vif et la réponse prompte, au risque de perdre votre aura auprès de celui qui vous met en échec. Je ne souhaitais pas non plus lui mentir et, comme bien souvent dans pareil cas, le conte permet de se sortir d’une situation embarrassante. Il se trouve que la lune était pleine et qu’elle illuminait la rivière ruisselant d’éclats d’argent. Je pris la parole devant un Pitchoun attentif.

Il était une fois un enfant qui aimait par-dessus tout que le ciel fût bleu et limpide. Il s’extasiait sans cesse devant ce spectacle quand il se produisait. Il appréciait cette vaste étendue unie, la promesse d’un temps clément et de belles journées. Il était souvent d’humeur maussade quand le gris, ou bien les nuages noirs, prenaient la place de son décor de rêve.

C’est un jour de ciel bas et annonciateur d’orage qu’il s’étonna que, la nuit, le ciel restât uniformément noir, sans autre variation que les nuages les soirs comme celui-ci. C’est vrai que personne n’avait jusqu’alors songé à habiller la nuit de quelques lampions mystérieux. Les humains avaient la lune et s’en contentaient.

L’enfant demanda à un mage qui était son parrain de faire quelque chose pour lui, d’habiller le ciel des nuits sans nuage. Merlin, puisque c’est de lui qu’il s’agit, savait commander aux animaux et aux plantes de cette terre. Pour le ciel, il manquait d’expérience ; il avait tant à faire pour rendre ce monde plus agréable encore.

Mais Merlin n’était pas un magicien sans ressource. Il avait toujours une astuce au bout de sa baguette magique. Il promit à l’enfant de revenir avec lui en bord de Loire un soir de ciel dégagé et de pleine lune. Cela lui donna assez de temps pour mettre au point un stratagème susceptible de satisfaire le bel enfant.

Enfin survinrent les conditions idoines pour que la magie de Merlin puisse opérer. Il y avait une lune brillante comme jamais, un ciel totalement dégagé et une Loire parfaitement calme. La lune faisait des éclats d’argent sur l’eau, elle se reflétait en une myriade de scintillements magnifiques. Sur l’eau, le bal des mouettes avait commencé. Elle se laissaient porter par le courant avant de s’envoler pour revenir à leur point de départ et recommencer leur étrange danse.

Merlin appela les mouettes qui volèrent au-dessus de lui. Il leur parla dans la langue des oiseaux, demandant s’il y avait des volontaires pour le plus grand le plus beau des voyages. Il se trouve toujours des êtres plus intrépides que les autres. Quelques mouettes levèrent l’aile gauche pour indiquer au mage qu’elles étaient partantes.

Merlin appela l’enfant et lui demanda de regarder attentivement ce qui allait se passer sous ses yeux. Les mouettes reprirent leur ballet, se laissant glisser au fil des flots. Au bout de la course, toutes, dans le même mouvement s’envolèrent pour reprendre leur ronde. Toutes ? Non ! Quelques-unes avaient accroché un éclat de lune à leur bec et montèrent, montèrent, montèrent si haut dans le ciel que bientôt on le les vit plus.

Bien plus tard, dans le ciel tout noir, apparurent les premières étoiles. Mouettes rieuses et éclats de Lune s’étaient transformés pour le plus grand bonheur de l’enfant d’abord, puis de tous les marins, les poètes et les rêveurs ensuite. Merlin trouva cette idée si jolie que souvent il revint pour augmenter sans cesse le nombre des étoiles dans le ciel.

Certaines finissent par disparaître quand leur mouette est devenue trop vieille pour continuer son vol sans fin. Il y a toujours plus d’oiseaux disposés à prendre la relève que de pauvres mouettes célestes au bout de leur existence. C’est pourquoi, le ciel, les nuits dégagées, est couvert d’une myriade d’étoiles pour le bonheur de tous ceux qui croient aux belles histoires.

Pitchoun m’avait écouté avec un grand sourire. « Celle-ci tu pourras la raconter à Victor, je suis certain qu’il appréciera ton explication. Lui qui, comme le lui reprochent souvent ses parents, n’a jamais les pieds sur terre, il va aimer ce récit merveilleux ». Avec Pitchoun nous rentrâmes bien après la fin de la nuit quand la brume se lève doucement sur la rivière. Le soleil au loin faisait un halo magnifique ; il n’y avait plus d’étoiles dans le ciel, elles étaient toutes dans nos yeux émerveillés et fourbus de fatigue. Nous pouvions aller dormir un peu.

Stellairement vôtre.


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